Rousseau
 1712 - 1778

Biographie
Idées pédagogiques
Oeuvres Principales
Citations
Références

 
 



BIOGRAPHIE

Années de formation

Né le 28 juin 1712 dans la république calviniste de Genève, Jean-Jacques Rousseau perdit sa mère quelques jours après sa naissance. Vers l'âge de douze ans, il commença un apprentissage de graveur mais, malheureux chez son maître, il prit la fuite au bout de quelques années et passa à pied en Savoie (1728). À Annecy, il rencontra Mme de Warens, jeune dame pieuse qui devint sa protectrice et plus tard (1733) sa maîtresse. Entre 1736 et 1739, ils vécurent ensemble aux Charmettes, près de Chambéry.

Débuts dans le monde

En 1742, Jean-Jacques Roussseau se rendit à Paris pour y gagner sa vie comme maître de musique, copiste et secrétaire particulier. Il se lia d'amitié avec Denis Diderot et rédigea des articles sur la musique pour l'Encyclopédie. Son nouveau système de notation musicale n'ayant pas été admis par l'Académie, il se mit à composer un opéra, les Muses galantes (1744), qui ne remporta pas le succès attendu. En 1745, il rencontra une jeune lingère, Thérèse Levasseur, qui allait être sa compagne jusqu'à sa mort. Ils eurent cinq enfants, tous placés par leur père à l'hospice des Enfants trouvés.

L'illumination de Vincennes

La vocation littéraire de Rousseau, il le raconta par la suite, survint un jour de 1749. En allant rendre visite à Diderot enfermé au donjon de Vincennes, il lut le sujet du concours de l'Académie de Dijon : «!Si le rétablissement des sciences et des arts a contribué à épurer les mœurs.!» Une foule d'idées se pressèrent alors à son esprit. Il prit la plume aussitôt et rédigea son Discours sur les sciences et les arts, soutenant que les «!progrès!» de la civilisation dénaturaient l'Homme!; un an plus tard, il apprit qu'il avait remporté le prix. Paru en 1750, ce premier ouvrage provoqua immédiatement des réactions diverses et, en six mois, son auteur se trouva au centre de tous les cercles intellectuels et mondains.

Grandes œuvres et polémiques

Après le triomphe d'un nouvel opéra, le Devin du village (1752), Rousseau composa coup sur coup ses grandes œuvres : le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes (1755), la Lettre à d'Alembert sur les spectacles (1758), Julie ou la Nouvelle Héloïse (1761), Du contrat social (1762) et l'Émile ou De l'éducation (1762).

En 1762, ce dernier ouvrage fut condamné par le parlement de Paris. Pour échapper à son arrestation, Rousseau dut mener une vie errante pendant huit années. Fuyant de refuge en refuge, notamment en Angleterre à la rencontre du philosophe David Hume, il composa divers écrits, parmi lesquels les Lettres de la montagne (1764) où il répondait à ses accusateurs. Les attaques de ses détracteurs et la solitude aggravèrent chez Rousseau un sentiment de persécution déjà latent et le persuadèrent peu à peu qu'il était la proie d'un complot, en particulier de la part des encyclopédistes avec qui il était brouillé. En 1770, il revint se fixer à Paris et s'engagea à ne plus rien publier de son vivant. Les Confessions (1765-1770, édition posthume 1782-1789), Rousseau juge de Jean-Jacques, Dialogues (1772-1776, posthume 1789) et les Rêveries du promeneur solitaire (1776-1778, posthume 1782) ne parurent qu'après sa mort, survenue le 2 juillet 1778 à Ermenonville. Ses cendres furent transférées au Panthéon par la Convention en 1794.

 


Ses idées pédagogiques :

  • Si Érasme fonde l'action éducative sur le jeu des intérêts extrinsèques suscités par une pédagogie attrayante, Rousseau considère qu'il faut partir des besoins réels et profonds de l'enfant et qu'on doit créer des situations dans lesquelles les apprentissages scolaires apparaissent comme des moyens propres à satisfaire ces besoins. Une véritable éducation fonctionnelle repose, en outre, sur la reconnaissance que " chaque âge, chaque état de la vie a sa perfection convenable ". Elle implique également la prise en considération des différences interindividuelles et des étapes de l'évolution psychologique de l'enfant. Rousseau se présente ainsi comme un psychologue novateur dont les intuitions et les recommandations inspireront les pionniers de l'éducation nouvelle.
     
  • Mais, selon G. Snyders, le révolutionnaire cède la place au conciliateur lorsqu'on passe de la psychologie à la pédagogie. En matière de finalités, " il faut opter entre faire un homme et faire un citoyen, car on ne peut faire à la fois l'un et l'autre ". Cependant, après avoir opté pour l'homme dans l'Émile  et pour le citoyen dans les Considérations sur le gouvernement de Pologne , Rousseau s'efforce, dans le Contrat social , de concilier les besoins de l'individu privé et les exigences de la vie publique. Dans le domaine des méthodes, l'opposition entre l'autorité et le laisser-faire trouve une issue dans l'éducation négative qui repose sur la soumission à l'égard des choses et non des hommes. De même, l'opposition entre l'austérité et l'éducation dans la joie est dépassée par le développement du sens du présent, impliquant à la fois la libération de l'élan spontané et l'expérience de la nécessité.
     
  • L'attitude synthétique ou conciliatrice de Rousseau reflète, dans une certaine mesure, l'ambiguïté de la situation sociale de l'auteur et les contradictions propres à toute période prérévolutionnaire. Elle procède aussi, selon P. Burgelin, d'une méthode antinomique d'analyse qui consiste à envisager les notions par couples (nature-société, bonté-méchanceté) et à rapprocher ce qui a été préalablement opposé.
     

  • On peut bien sûr l'expliquer par l'anxiété de Rousseau au sujet de sa propre enfance qui n'a pas été si heureuse. Il projettera du reste sur ses propres enfants son malheur enfantin. Persuadé qu'il ne peut éduquer vertueusement ses enfants dans une société qui ne repose pas sur le contrat, il les laissera à l'assistance publique. Mais c'est philosophiquement qu'il nous faut ici aborder le problème.
     
  • Si seul le Contrat permet une bonne pédagogie, inversement la politique ne suffit pas si l'on n'éduque pas les individus dans la société juste. Une bonne société sans bonne éducation est vouée à l'échec. Il n'est pas question de pédagogie dans le Contrat Social mais, en revanche, on parle de politique dans ce livre de pédagogie qu'est l'Emile (livre IV). L'Emile et le Contrat Social datent de la même époque. L'essentiel de l'Emile est une pédagogie à finalité sociale. Il s'agit de rendre Emile social.
     
  • Cela pose bien sûr un problème : le pédagogue doit lui-même être formé socialement par quelqu'un qui lui-même a été formé etc. Mais si à l'origine personne n'a été formé dans une société correcte, il n'est pas de commencement possible. C'est la régression à l'infini. Il est difficile de concevoir une éducation si personne n'est préalablement éduqué.
    Il s'agit, en effet, pour Rousseau, par une bonne éducation de faire échapper Emile au mauvais déterminisme historique qui est le nôtre. Mais nous sommes tous dans l'histoire et il faudrait quelqu'un qui déjà a échappé à l'histoire pour éduquer Emile. Or, personne n'échappe à son temps.
     
  • Rousseau part du fait que l'homme naturel ne raisonne pas puisque la raison n'est qu'une virtualité naturelle qui se développe en société. La pédagogie doit donc partir de l'être sensitif qu'elle va former. Il faut d'abord développer cette sensibilité qui existe mais de manière, elle-même, embryonnaire, virtuelle. L'enfant n'est qu'un ensemble de virtualités. Il n'est presque rien. Il faut apprendre l'enfant à sentir avant de raisonner car le sentir existe déjà, même s'il est à développer, alors que la raison est quasiment inexistante. Rousseau dira que l'enfant est paresseux et qu'il a tendance à remplacer ces différentes formes de sensibilités par la simple vision qui demande moins d'effort. C'est pour cela qu'il faudra réprimer l'impétuosité du regard.
     
  • Il faudra ensuite initier Emile à l'outillage. La pratique va en effet permettre le développement de la raison. En agissant, l'enfant va évidemment faire un certain nombre d'expériences c'est-à-dire qu'il va avoir un certain nombre de sensations qu'il va comparer. Or cette comparaison favorise le passage au jugement concret. Juger c'est comparer. L'expérience fait naître l'idée. Rousseau est un philosophe empiriste.
    Puisque Rousseau est empiriste, pour lui plus l'enfant sera en rapport avec l'expérience sensible, plus sa raison se développera. C'est pourquoi il ne s'agira pas seulement de laisser faire le temps mais il faudra provoquer le développement du jugement concret par les jeux éducatifs et le travail. Le travail est primordial. Rousseau conseille même aux rois de donner un métier manuel à leurs enfants car, dit-il, " nous approchons de l'état de crise et du siècle des révolutions où aucune position sociale ne sera plus stable. " Cela veut dire que le travail sera nécessaire pour chacun. Il faut éduquer la sensibilité pour développer la pensée intellectuelle.
     
  • Mais, dit Rousseau, il faut que cela soit accepté par l'enfant et pour cela il faut provoquer l'opportunité, créer les occasions de rencontres pédagogiques fécondes.
    La pédagogie va donc être liée au projet politique puisqu'il n'est pas plus de bonne pédagogie dans un mauvais système politique que de bonne politique sans bonne pédagogie. La transformation sociale et la transformation de la pédagogie vont ensemble.

  


 

OEUVRES PRINCIPALES

Oeuvres complètes (Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1959-95), 5 vols., sous la direction générale de Bernard Gagnebin et Marcel Raymond. L'édition de référence, édition critique aussi avec graphie originale, et accompagnée d'un appareil critique extensif.
  • Vol. I (1959): Les Confessions et autres écrits autobiographiques.
  • Vol. II (1961): Julie et autres oeuvres littéraires.
  • Vol. III (1964): Du contrat social et autres écrits politiques.
  • Vol. IV (1969): Émile et autres écrits sur l'éducation, la moralité, et la botanique.
  • Vol. V (1995): Écrits sur la musique, le langage, et le théâtre, y compris notamment la Lettre à D'Alembert, l'Essai sur l'origine des langues, et le Dictionnaire de musique.

 


 

CITATIONS

  • Vous oubliez que les fruits sont à tous et que la terre n'est à personne.

  • La nature a fait l'homme heureux et bon, mais la société le déprave et le rend misérable.

  • L'ordre social ne vient pas de la nature ; il est fondé sur des conventions.

  • Suffit-il de n'être jamais injuste pour être toujours innocent ?

  • L'homme vraiment libre ne veut que ce qu'il peut, et fait ce qui lui plaît.

  • Toute méchanceté vient de faiblesse ; l'enfant est méchant que parce qu'il est faible ; rendez-le fort, il sera bon.

  • Nos passions sont les principaux instruments de notre conservation ; c'est donc une entreprise aussi vaine que ridicule de vouloir les détruire.

  • Le monde de la réalité a ses limites ; le monde de l'imagination est sans frontières.

  • Il y a souvent plus de stupidité que de courage dans une constance apparente.

  • Les lois sont toujours utiles à ceux qui possèdent et nuisibles à ceux qui n'ont rien.


 

Références