Erasme
 1467 - 1536 ou
 1471 - 1528

Biographie
Idées pédagogiques
Oeuvres Principales
Citations
Références

 
 



BIOGRAPHIE

  • Rien ne destinait ce Hollandais de Rotterdam, d’origine modeste, à devenir une des plus grandes figures de son temps. Il suit d'abord les enseignements de diverses écoles dont celle des Frères de la Vie Commune, qui mêle vie active et contemplation, enseignements de la Bible et lectures des auteurs de l’Antiquité païenne. C'est alors que naît en lui l’ambition de débarrasser le christianisme de la scolastique qui, par ses commentaires interminables, son latin incompréhensible aux non-initiés, éloigne de la vérité profonde des Écritures.

  • À l’âge de dix-sept ans, il prend le nom sous lequel il va devenir célèbre : Desiserius Erasmus Roterodamus (erasmos signifiant en grec « l’aimé »). Après une vie monastique où il accumule un savoir encyclopédique, il est nommé prêtre à vingt-cinq ans et se sent prêt à se mesurer à l’obscurantisme. Sa vie sera dès lors jalonnée de longs voyages à travers l’Europe, de l’Italie vers l’Angleterre en passant par la France.

  • Entre 1500 et 1503, il publie les Adages et le Manuel du Soldat Chrétien, qui propose une réforme catholique libérale, fondée sur la charité. Il s’attelle ensuite à une traduction du Nouveau Testament à laquelle il consacrera une dizaine d’années. Il séjourne longuement en Italie, où la publication de ses Adages ainsi que ses éditions d’auteurs grecs (Platon, Plutarque) ou latins (Plaute, Térence, Sénèque) le classent parmi les plus grands savants de son époque.

  • Puis il retourne en Angleterre chez son ami Thomas More où il y rédige en quelques jours son fameux Éloge de la Folie. C'est un joyeux sermon plein de paradoxes qui vise à réconcilier Socrate, Salomon et le Christ.

  • Il retourne ensuite aux Pays-Bas et fait de nombreux séjours à Bâle, où il prépare l’édition de sa traduction de la Bible. Cette publication va déclencher l’hostilité des théologiens réactionnaires qui condamnent tous les hellénistes et exégètes partisans du recours direct à l’Évangile. Cependant, l’influence grandissante de Luther embarasse Érasme : on lui reproche d’avoir « couvé l’oeuf » et d’être responsable de l’active « hérésie luthérienne » qui se développe. Les deux camps, celui des Réformés et celui des tenants du catholicisme traditionnel, le somment de prendre position. Érasme plaide l’unité et la réconciliation.

  • François Ier, fasciné par cette figure hors du commun, cherche à l’attirer à la Cour, mais Érasme veut avant tout rester indépendant et refuse toutes ses invitations.

  • En 1521, il quitte définitivement les Pays-Bas et s’installe à Bâle. C’est là que commence la querelle avec Luther, à coups d’essais philosophiques. Derrière les deux champions se cristallisent des regroupements qui annoncent les guerres de religion. Cependant, Érasme reste un pacifiste convaincu. Il refuse de prendre parti et proclame que l’Europe doit s’unir et que l’Église doit tout faire pour retrouver son unité perdue. Face à la montée de l’extrémisme, Érasme est obligé de fuir à Fribourg.

  • Il reviendra à Bâle passer la dernière année de sa vie.

  • Son objectif humaniste est fondamentalement positif : sélectionner chez les Anciens, comme dans l’Ancien Testament, les idées conciliables avec le message évangélique. Il estime que la révélation n'est pas l'apanage des érudits et doit être accessible au plus grand nombre. La foi ne peut être vécue qu'en ayant une vraie connaissance des textes.

 


Ses idées pédagogiques :

  • Erasme fait d'audacieuses et victorieuses incursions en pédagogie (Adages 1500. Présentation de la culture antique aux élèves à travers des proverbes et citations commentés et replacés dans l'histoire de la pensée et de la langue), en philologie (Les Offices de Cicéron 1501), en politique (Panégyrique de Philippe-le-Beau 1504, éloge de l'archiduc où s'esquisse le portrait du prince idéal, c'est-à-dire pacifiste). Mais c'est en théologie avec son Manuel du soldat chrétien (1504) qu'Erasme devient une figure de proue de l'humanisme. L'exposé des préceptes pour vivre chrétiennement est un véritable bréviaire évangélique où se trouve célébré le retour à la bible et à ses sources. La jonction de la critique humaniste et de la théologie chrétienne est en marche et Erasme est son prophète.
     
  • Trois conceptions dominent la pédagogie érasmienne :
     
    • Le naturalisme,c'est à dire une éducation conforme à la nature. Il faut prendre en compte la plasticité de l'enfant - d'où un cursus adapté au développement de l'être en croissance -, l'importance de l'habitude, le besoin de toute activité en rapport avec la spontanéité enfantine - d'où le rôle du jeu comme exercice de détente.
       
    • Le rationalisme ou reconnaissance de l'individu et de son pouvoir de disposer librement de sa raison. L'usage de l'esprit critique, l'entraînement naturel de la mémoire - Erasme condamne les expédients mnémotechniques chers à la scolastique -, l'étude de la litterature antique (on doit à Erasme notre prononciation du grec ancien, dite prononciation érasmienne), la préparation morale et religieuse, l'acquisition de l'expression élégante doivent restituer à l'individu son libre pouvoir de juger. Durkheim voit dans cette éducation une préparation à la vie dans un milieu privilégié. L'éducation érasmienne vise la totalité de la personne. L'éducation du corps est prise en considération, non pour développer celui-ci dans une perspective sportive d'athlétisme ("nous ne voulons pas faire de notre élève un Milon"), mais comme moyen de policer le comportement enfantin. La Civilité puérile apprend à se moucher, à saluer et à se tenir devant l'adulte, à lui répondre.
       
    • L'empirisme méthodologique. Rien ne remplace la pratique. De ratione studii préconise une méthode concrète pour assimiler la grammaire (l'enseignement est en latin). Au lieu d'étudier ses règles dans l'abstrait, l'élève les découvre à partir des textes. D'où l'importance de l'explication préalable (praelectio) donnée par le maître: éloge de l'auteur et de son oeuvre, caractérisation du genre littéraire auquel appartient le texte, ligne directrice de la pensée, examen de l'ordre des phrases et de la signification des termes, repérage des archaïsmes, des néologismes, des tournures élégantes, conclusions philosophiques ou morales et profit que l'on peut tirer du texte. Des citations latines ou grecques, illustrant ces règles et apprises par coeur, facilitent la mémorisation.
 


 

OEUVRES PRINCIPALES

- les Adages et le Manuel du Soldat Chrétien, entre 1500 et 1503,

- Éloge de la Folie.

 


 

CITATIONS

  • Suivant la définition des stoïciens,
    la sagesse consiste à prendre la raison pour guide;
    la folie, au contraire, à obéir à ses passions;
    mais pour que la vie des hommes ne soit pas tout à fait triste et maussade, Jupiter leur a donné bien plus de passions que de raison.
     
  • (La flatterie) est le miel et le condiment de toutes les relations entre les hommes.
     
  • ... c'est toujours ce qu'il y a de plus inepte qui rencontre le plus d'admirateurs.
     
  • ... on a raison de se louer soi-même quand on ne trouve personne pour le faire.
     
  • ... si quelqu'un arrive à la connaissance, c'est bien souvent aux dépens de son bonheur.
     
  • D'où vient le charme des enfants, sinon de moi (la folie), qui leur épargne la raison, et, du même coup, le souci?
     

 

Références